mercredi 14 décembre 2011

FILIERE AGRUMES : Marché intérieur,entre prise de risque et sécurisation de la vente

FILIERE AGRUMES
Marché intérieur, entre prise de risque et sécurisation de la vente

L’aspect commercialisation a toujours été au centre de toute activité agricole, la filière agrumes n’en fait pas l’exception. La problématique de la distribution est ainsi au coeur même des préoccupations de tout agrumiculteur.

OUZINE MEHDI, Ingénieur Agro-Economiste
Agriculture du Maghreb n°46 Octobre 2010


Au niveau national, la filière agrumicole connait un second souffle suite aux efforts entrepris par le secteur privé, les professionnels, mais aussi, aux incitations accordées par l’Etat. Avec plus de 85.000 Ha, une production moyenne de l’ordre de : 1,3 millions de tonnes/ an et des exportations qui oscillent autour d’une moyenne de 510.000 T /an. Cette filière génère près de 21 millions de journées de travail /an au niveau des vergers et de l’industrie. Le marché intérieur demeure complexe malgré la simplicité apparente de la transaction, on notera ainsi plusieurs insuffisances et dysfonctionnements tels que la multiplicité des acteurs et autres intervenants. Que ça soit la vente sur pieds (via des intermédiaires) ou la vente directe au niveau des marchés de gros, l’inadaptation des infrastructures de commercialisation au niveau de la plate-forme finale de la transaction pour ce qui est de ce circuit (marchés de gros) pénalise inévitablement le produit final. Phénomène d’autant plus accentué par la périssabilité qui caractérise ce produit frais.


Cependant, l’importance et la dynamique qu’amorce le marché local dans le cas de la filière Agrumes est plus qu’apparent. Alimenté par une évolution de la consommation intérieure d’agrumes à l’état frais depuis déjà plusieurs années (passage de 15 kg/an au début des années 70 à près de 26 kg en moyenne durant la fin des années 90), le marché intérieur est une vrai soupape de sécurité pour les vergers en production. En effet, à la mesure que l’aspect qualité reste souvent en second plan derrière l’aspect productivité et rendement (au niveau de l’amont agricole), ce circuit assure plus ou moins un écoulement limpide mais surtout viable pour des producteurs de petite et moyenne tailles. L’écoulement de la marchandise via le marché de gros ou la vente directe qui débouche sur le marché local peuvent donc être une vraie aubaine pour des producteurs agrumicole à la recherche de la sécurisation de leurs transactions, surtout pour ceux dont la taille ne justifie pas la mise en place de coûts supplémentaires au niveau des actions commerciales et de prospections.



Caractérisé par des circuits souvent lourds et une désorganisation évidente, il reste néanmoins un circuit plus au moins à l’abri des spéculations internationales, mais surtout un marché tiré par un potentiel énorme en matière d’opportunité (consommation intérieure en augmentation rapide). Il ne faut pas pour autant dépourvoir toute relation entre les deux circuits de commercialisation d’Agrumes. En effet, le circuit de l’export reste malgré tout un facteur déterminant dans l’aptitude du marché intérieur à réagir face à la fluctuation des prix. Un marché de l’export à la traîne entraînerait inévitablement une ruée de l’ensemble des producteurs agrumicole vers les marchés de gros et ventes directes, ce qui engendrerait une chute au niveau des prix sortie marché. Sans parler de la dépendance du marché marocain à l’export vis à- vis de certains marchés (Marché Russe qui absorbe à lui seul plus de 45% du total des exportations). On peut dire ainsi qu’au niveau du marché intérieur, l’offre reste généralement peu et mal maîtrisée, en raison de la faible organisation des producteurs, mais aussi des quantités quelques fois importantes qui sont refoulées à l’export (phénomène «d’inondation» du marché) ou carrément retirées du marché intérieur lors de forte demande du marché extérieur (phénomène «d’assèchement» du marché).



A ajouter également que le marché intérieur reste fortement lié à l’aspect de la dépendance aux aléas climatiques. En effet, on notera des fluctuations au niveau des prix de vente selon la qualité de la campagne agricole, mais aussi des fluctuations enregistrées sous l’influence de la forte concentration de la production au niveau de la zone du Souss.

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