mercredi 14 décembre 2011

Circuits de distribution Agricoles


Circuits de distribution
Problématique organisationnelle/ Optimisation du choix & évaluation des circuits.

OUZINE MEHDI, Ingénieur Agro-Economiste


Au Maroc, la fonction de la distribution occupe une place prépondérante au sein du tissu économique national, avec une valeur ajoutée de prés de 63,2 milliards DH et une croissance moyenne de l’ordre de 6% annuellement. Le système de distribution des produits agroalimentaires reste rarement homogène, il coexiste ainsi, des circuits différents en fonction du niveau de structuration de la filière en question. Au niveau national, la distribution reste de forme conventionnelle, puisqu’on y retrouve les principaux circuits, à savoir : l’approvisionnement direct au niveau des exploitations agricoles, les Souks ruraux, les marchés urbains, les marchés de gros, les détaillants et plus récemment la distribution moderne à travers le phénomène de la GMS.



Pour les principales filières agricoles au Maroc, la structure dominante reste le marché de gros. L’analyse du système d’approvisionnement pratiqué au niveau de cette structure, fait ressortir plusieurs anomalies. En effet, on se rend compte rapidement, que pratiquement seule la fonction d’échange physique des produits est assurée par cette structure, or, le marché de gros est organisé pour effectuer d’autres opérations à moindre coût, à l’instar de la formation des prix d’équilibre, mais surtout la gestion du transfert du risque entre les différents acteurs (risque de fluctuation des prix principalement). Avec plus de 30 marchés de gros à travers l’ensemble du territoire, on note seulement 30 à 50% des fruits et légumes destinés à la consommation intérieure qui transitent par ces structures.

Autre chiffre clé qui renseigne sur l’inefficience de ce circuit, la valeur des produits végétaux au Maroc qui est de plus de 30 milliards de DH, alors que le chiffre d’affaires de tous les marchés de gros ne dépasse guère les 5 milliards de DH. Les prix au niveau des marchés de gros, comme à la consommation varient fortement en fonction de la saison, de la nature, de la disponibilité des produits et de la situation géographique des régions de production. Avec un tel fonctionnement, le marché de gros ne peut plus accroître l’efficacité de la fonction de distribution, mais plutôt l’entrave … La formation des prix devient ainsi opaque et les coûts de transaction se voient fortement augmentés. Au niveau du consommateur final, ça se traduit par une restriction à la consommation de certains produits sur certaines périodes.


Un modèle de transactions sans l’intervention de la fonction de vente en gros, pourrait être envisagé, dans ce modèle, le détaillant pourrait s’approvisionner directement auprès des exploitations agricoles, réduisant ainsi les différents coûts de transaction. Mais ce modèle risque de développer une culture de non partage du risque, on se trouvera alors, face à des prix de vente sortie ferme très bas, puisqu’en absence d’intermédiaires, l’acheteur supporte à lui seul l’ensemble des coûts de transaction qu’impose le processus de vente. Les différents circuits de commercialisation peuvent être analysés et évalués afin de déterminer lequel est le mieux adapté aux besoins du producteur tout en étant économiquement viable. L’analyse d’un circuit de distribution fait ressortir plusieurs circuits de commercialisation et un ou plusieurs circuits de livraison. Lors du démarrage du processus de vente, on remarque que les producteurs agricoles utilisent plus d’un circuit à la fois. A titre d’exemple on note :
- au début de la récolte (disponibilité de la production limitante) une vente plutôt directe via des grossistes (mode de vente sur pied)
- vente directe aux acheteurs industriels pendant la récolte quand elle est abondante (disponibilité de la production non limitante)


Schéma représentatif des principaux circuits de distributions agricoles au Maroc

A la lumière de ces éléments, plusieurs facteurs peuvent expliquer le choix d’opter pour un circuit ou un autre, dont on notera : les besoins de transformation et de transport de certains produits, mais aussi la taille et l’emplacement de l’unité de production. En effet, les intermédiaires offrent souvent un service de valeur aux petits producteurs disséminés dans des régions enclavées, en facilitant leurs accès aux marchés structurés. Les intermédiaires peuvent alors jouer un rôle primordial dans le partage du risque au niveau de l’exploitation. Le choix du circuit peut aussi être déterminé par certaines caractéristiques inhérentes aux produits, comme leur durée de conservation, qui restreint l’éventail du choix qui s’offre au producteur.

A noter que l’optimisation du choix d’un circuit de commercialisation, peut être nettement améliorée via des outils de veille, de collecte et d’analyse des données provenant du marché. On notera ainsi, la nécessité d’avoir une structure qui aurait pour rôle de minimiser cette dissymétrie de l’information qui entrave l’accès des producteurs aux marchés structurés.

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